2000 TERRITOIRE MOBILITE PREFACE
4ème page de couverture : Les territoires de la mobilité
Dans les années cinquante la 4CV symbolise en France la mobilité et l’autonomie. Elle consacre la séparation entre le lieu de production, l’usine, et le lieu de résidence, le grand ensemble. Cinquante ans plus tard l’automobile est toujours aussi importante, mais elle semble symboliser pollution et individualisme, la mobilité est toujours autant valorisée comme une pratique positive en soi.
Et pourtant les recherches sur la mobilité présentées dans cette ouvrage nous amènent à changer notre regard : la voiture loin d’être un instrument de destruction du lien social est en fait un puissant instrument de sociabilité. De même la mobilité si elle peut être un atout pour les groupes sociaux les plus favorisés, peut se transformer en contrainte pour ceux qui sont plus défavorisés. Ou encore l’interdiction des gros camions est bien souvent une source de nuisance et de pollution en centre ville quand ils sont remplacés par des véhicules plus petits et plus polluants. Et enfin la mobilité la plus courte d’un point à un autre n’est pas forcément la plus efficace ni la moins coûteuse pour transporter du fret ou des personnes.
La « tyrannie euclidienne » nous empêche de comprendre que l’organisation moderne de la mobilité a changé de sens. La mobilité occupent de nouveaux territoires : dans l’espace physique elle se transforme avec la multiplication des« hubs », des « containers » et des messageries ; dans l’espace sociale, c’est la prise en charge des services à la mobilité et celle du nouveau jeu des tensions, des incivilités et des transactions qui sont au cœur du développement urbain.
Michel Bonnet est psychosociologue et directeur de recherche au Plan Urbanisme Construction Architecture (ministère de l’Équipement). Dominique Desjeux est professeur d’anthropologie sociale et culturelle à la Sorbonne (Paris V), directeur scientifique d’Argonautes et responsable de l’axe consommation au CERLIS (CNRS).