2025 06   D . Desjeux, La logique « trotskiste » de l’administration Trump

Dominique Desjeux, chroniques anthropologiques ou comment le futur est devenu le nouveau terrain d’exploration des anthropologues, leur nouveau monde « exotique », 2025 06 01

Donald Trump est investi le 20 janvier 2025. Le jour même il crée le DOGE, qui sera dirigé par Elon Musk pendant 4 mois, pour « moderniser » l’administration fédérale.  En février 2025, je publie en ligne une chronique anthropologique sur « l’étrange coup d’État numérique Trump-Musk-Vance »,

https://consommations-et-societes.fr/2025-02-letrange-coup-detat-numerique-trump-musk-vance-par-dominique-desjeux-anthropologue/ .

Il est possible d’en tirer plusieurs leçons pratiques sur la logique moderne des coups d’État, quel que soit le contenu idéologique qui les justifie, de droite (Trump) ou de gauche (Trotski).

Les logiques techniques et logistiques des coups d’État modernes

J’ai découvert le livre de Malaparte, Technique du coup d’État, publié en français en 1931, chez Grasset, grâce au livre de Guliano Da Empoli, « L’heure des prédateurs », 2025 (p.102) qui faisait suite à son premier livre « Les ingénieurs du chaos » de 2019.

La présentation de 1948, 17 ans après sa première publication, résume ainsi la thèse du livre : « Selon Malaparte, le temps des révolutions populaires est terminé. Nul besoin de mobiliser un peuple afin de conquérir le pouvoir. Pour renverser un régime, il suffit d’une organisation technique et tactique, d’un nombre restreint d’individus capables de paralyser, pendant quelques heures, les administrations. Il illustre cette thèse en analysant le coup d’État bolchevique de 1917, la victoire du Polonais Pilsudski contre les Soviétiques en 1920, le putsch manqué de Kapp la même année à Berlin, et le 18 Brumaire de Bonaparte » (p. 9).

L’hypothèse est que le « coup » de Musk en 2025 avec sa petite équipe de geeks relève de la même logique insurrectionnelle au nom de valeurs, opposées à celle de Trotski, libertarienne, conservatrice et autoritaire.

Pour Malaparte, « le problème du coup d’État moderne est un problème d’ordre technique. L’insurrection est une machine, dit Trotski : il faut des techniciens pour la mettre en mouvement, et seuls des techniciens peuvent l’arrêter » (p.77).

Trotski critique Lénine dont il estime qu’il a une vision trop « philosophique » de la prise de pouvoir, à la manière de Clausewitz dont Lénine est un grand lecteur. Lénine cherche à mobiliser trop de troupes, de matelots et d’ouvriers à la fois « pour occuper et garder à tout prix le téléphone, le télégraphe, les gares, les ponts. » (p. 41) « Tout cela est très juste, dit Trotski, mais c’est trop compliqué. C’est un plan trop vaste, c’est une stratégie qui embrasse trop de territoire et trop de gens. Ce n’est plus une insurrection, c’est une guerre. Pour occuper Petrograd, point n’est besoin de prendre le train en Finlande. Quand on part de trop loin, on s’arrête souvent à mi-chemin. » (p. 42).

Le cœur de la démonstration de Malaparte sur Trotski correspond bien à la pratique d’Elon Musk, qui à l’arrivée de Trump, s’est tout de suite installé au cœur du système numérique du Trésor américain avec une petite équipe.

Il faut occuper la ville aux points stratégiques, mais avec des gens bien formés et en très petit nombre. « Pour s’emparer de l’État moderne, dit-il, il faut une troupe d’assaut et des techniciens : des équipes d’hommes armés, commandées par des ingénieurs. » (pp. 53-54). « La troupe d’assaut de Trotski se compose d’un millier d’ouvriers, de soldats et de matelots […] J’ai le désordre pour moi [dit] Trotski ; c’est mieux qu’une grève générale. » (p.43).

Un modèle d’ingénieur du chaos.

Le gouvernement du social-démocrate Kerenski sait très bien que Trotski prépare un coup. Pour cela il protège les bâtiments des principales institutions : « les ministères, le Palais Maria, siège du Conseil de la République, le Palais de Tauride, siège de la Douma, le Palais d’Hiver, l’état-major général. » Il ne voit pas que Trotski va s’emparer de tout le système logistique qui conditionne le fonctionnement des institutions.

Il les laisse de côté, comme le DOGE le fera pour le congrès au début du mandat de Trump. Aujourd’hui les institutions judiciaires résistent.

« Trotski est parvenu à se procurer le plan des services techniques de la ville. Les matelots de [Pavel] Dybenko, aidés de deux ingénieurs et d’ouvriers spécialisés, étudient sur place la disposition des conduites souterraines d’eau et de gaz, des câbles d’énergie électrique, de téléphone et de télégraphe […] Trotski partage la ville en secteurs, fixe les points stratégiques, distribue les tâches, secteur par secteur, à des équipes formées de soldats et d’ouvriers spécialisés. Il faut des techniciens à côté des soldats : la conquête de la gare de Moscou est confiée à deux escouades composées de vingt-cinq soldats lettons, de deux matelots et de dix cheminots […]

Les gardes rouges de Trotski se sont déjà emparés du central télégraphique et des ponts sur la Neva : pour assurer les communications entre le centre de la ville et le faubourg ouvrier de Wiborg, il faut avoir le contrôle des ponts. Les centrales électriques municipales, les gazomètres, les gares de chemin de fer sont déjà occupés par les matelots de [Pavel] Dybenko. Les opérations se sont déroulées avec une rapidité et une régularité surprenante. » (pp 58-59)

Le démantèlement de l’État fédéral suit la même logique. Le DOGE conquiert l’État sans s’occuper du Congrès pour mettre en place une dictature.

Pour finir, Malaparte brosse une sorte de portrait-robot du dictateur en s’appuyant sur le cas d’Hitler : « son intelligence, ses ambitions, sa volonté même n’ont rien de viril. C’est un homme faible qui se réfugie dans la brutalité pour masquer son manque d’énergie, ses faiblesses surprenantes, son égoïsme morbide, son orgueil sans ressources. » (p. 198)

Pour mémoire, le journaliste Robert Armstrong du Financial Times en mai 2025 a traité Trump de « Taco » (« Trump Always Chickens Out » « Trump se dégonfle toujours »)

« Ce qui se retrouve chez presque tous les dictateurs, ce qui est une des caractéristiques de leur manière de juger les hommes par rapport aux événements, c’est leur jalousie […]

Comme tous les dictateurs, Hitler est conduit bien plutôt par ses passions que par ses idées […] Comme tous les dictateurs, Hitler n’aime que ceux qu’il peut mépriser. Son ambition, c’est de pouvoir, un jour, corrompre, humilier, asservir tout le peuple allemand, au nom de la liberté, de la gloire et de la puissance de l’Allemagne.» (p. 198)

Trump se fait élire sur le slogan MAGA, Make America Great Again, tout en affichant un mépris total pour les conséquences négatives de l’augmentation des tarifs douaniers sur les populations les plus démunies qui n’auront qu’à acheter moins de poupées … tout cela sans oublier l’épisode Zelenski dans le bureau ovale où il a cherché à l’humilier.

L’idée générale de Malaparte est qu’aucun pays n’est à labri d’un coup d’État. Cela n’est pas réservé au « tiers monde » : « Monseigneur Ratti, le pape actuel Pie XI, alors nonce apostolique à Varsovie, défendait, sans s’en apercevoir, la thèse de Trotski [il affirmait] que la révolution est tout aussi possible dans un pays civilisé, puissamment organisé et policé, comme l’Angleterre, que dans un pays en proie à l’anarchie, miné par la lutte des factions politiques et envahi par une armée ennemie, comme l’était à ce moment-là Pologne. « (p. 207).

La conclusion de Malaparte en 1948 :

« Je n’ai rien à changer à ce que j’écrivais sur Hitler il y a dix-huit ans, entre novembre 1930 et avril 1931, dans le chapitre que le lecteur vient de lire. Hitler n’a pas pris le pouvoir en Allemagne, en janvier 1933, par un coup d’État, mais par un compromis parlementaire, grâce à la complicité de Hindenburg et de von Papen. » (p. 201).

Cf le livre passionnant de Johanna Chapoutot, Les irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ? 2025, chez Gallimard, qui détaille cette thèse, arguments historiques à l’appui.

Malaparte ajoute que « La nature particulière de l’État moderne, la complexité et la délicatesse de ses fonctions, la gravité des problèmes politiques, économiques et sociaux qu’il est appelé à résoudre, en font le lieu géométrique des faiblesses et des inquiétudes des peuples, augmentant ainsi les difficultés à surmonter pour assurer sa défense. L’État moderne est plus exposé qu’on ne croit au danger révolutionnaire […] La raison d’être de ce livre est de montrer que le problème de la conquête et de la défense de l’État n’est pas un problème politique, que c’est un problème technique, que l’art de défendre l’État est régi par les mêmes principes qui régissent l’art de le conquérir, que les circonstances favorables à un coup d’État ne sont pas nécessairement de nature politique et sociale et ne dépendent pas de la situation générale du pays. »

La constance des comportements humains analysée ici porte sur les formes du coup d’État moderne, à la fois technique (principalement numérique, comme on le voit partout aujourd’hui), logistique et par des petits groupes (informaticiens et réseaux sociaux numériques), indépendamment de leur idéologie, ainsi que sur celle du comportement des dictateurs, là aussi, indépendamment de leurs valeurs politiques.

Les valeurs et les idéologies politiques ne disparaissent pas pour autant, mais elle change de place dans le système d’explication de l’action collective. Au lieu d’expliquer les pratiques, puisqu’elles peuvent être les mêmes pour les coups d’État en dehors de ces idéologies, elles leur donnent du sens et les justifient. Les travaux de Johann Chapoutot sur le nazisme sont de ce point de vue tout à fait remarquable. Je pense notamment à son livre de 2022, La révolution culturelle nazie, chez Gallimard,ainsi qu’à son livre de 2020, Comprendre le nazisme chez Taillandier.

Cependant je ne suis pas sûr qu’il faille mobiliser l’idéologie nazie pour comprendre le fonctionnement de Musk ou de Trump ou d’autres encore.

Par contre, le contenu de l’idéologie nazie renvoie probablement à des formes de pensée universelle à travers l’histoire. Dans la démonstration serrée du livre de Johann Chapoutot, « La révolution culturelle nazie », il fait voir une pensée spécialement sophistiquée, qui donne la nausée et dont certains éléments peuvent se retrouver chez les partisans de Trump, surtout après avoir lu le livre passionnant, mais aussi déroutant, de James Q. Whitman, « Le modèle américain d’Hitler : comment les lois raciales américaines inspirèrent des nazis », publié chez Armand Colin, avec une préface de Johann Chapoutot, en 2018, sans compter les rapprochements avec des groupes d’Afrique Sud nostalgique de l’Apartheid.

Après le départ d’Elon Musk, la prise de pouvoir numérique devient « un coup d’État permanent ». Il est toujours technique, il dépend d’un réseau prénumérique libertarien, le plus longtemps possible hors du contrôle des institutions légales et d’une agrégation d’idéologies diverses, spécialement bien présentées dans la revue en ligne « Le Grand Continent » (https://legrandcontinent.eu/fr/).

Leur dernière publication chez Galimard, en 2025, « L’empire de l’ombre. Guerre et Terre au temps de l’IA », sous la direction de Giuliano da Empoli présente notamment des textes de Curtis Yarvin qui pense, comme René Girard, que « le principal problème dans les affaires humaines, c’est la violence » (p. 102) et qu’il faut s’en débarrasser.

Peter Theil explique que dans « des choses cachées depuis la fondation du monde, Girard expose comment l’hybris de Lucifer dissout l’ordre cosmique reposant sur l’autorité du père. […] Une spirale d’envie, de conflits et de violence concentrée sur des boucs émissaires se déchaîne. L’eschatologie de Girard résonne avec la critique que Platon donne de la démocratie dans sa République, selon laquelle la Liberté et l’Égalité ouvrent la voie à la tyrannie. » (p. 160). Les nouvelles technologies sont un moyen d’échapper à cette tyrannie en recréant des zones de liberté autonome de l’État sur la terre comme au ciel (cf. SpaceX), comme dans le roman bestseller d’Ayn Rand, La grève, de 1957.

Tout se passe comme si l’imaginaire des « trumpiens » avait comme référence la période où dominaient les grandes entreprises qui ont fait la richesse des États-Unis, de la fin de la guerre de Sécession en 1865 jusque vers 1900. C’est « l’âge d’or » (golden age) pour Trump et les libertariens, mais c’est aussi « l’âge des dorures » ou du toc ou du rococo (gilded age) pour Mark Twain et les partis progressistes américains.

Le 27 mai 2025, Emily Keegin a publié toute une série de photos dans le New York Times International sur la redécoration rococo du Capitole depuis l’arrivée de Donald Trump.

1865/1900 est une période très conflictuelle entre les riches et les pauvres, comme le décrit bien l’économiste américain Henri Georges dans son livre de 1888, Protection ou libre-échange, tarifs en ce qui concerne les intérêts des classes laborieuses, chez Hachette Livre/BNF. C’est de plus un bon polémiste : « les travailleurs ont besoin de quelque chose de plus que de paroles de sympathie : il ne saurait être satisfait par quelques gentilles phrases, comme celle que nous adressons à un cheval afin de l’attraper pour lui mettre un mors à la bouche et une selle sur le dos. » (sic) !

Là encore ce commentaire n’est là que pour rappeler une chose simple : tout le discours des trumpiens renvoie à un clivage central de la société américaine, et ailleurs, entre les riches et les pauvres.

Voir aussi les analyses de Nicolas Mariotte, Virginie Raison-Victor,

La force des réseaux sociaux prénumériques et numériques dans l’organisation des coups d’État dans la durée

Elon Musk s’en va, mais tout continue en termes de pratique et de culture matérielle.

Un article du New York Time du 30 mai 2025, écrit par Sheera Frenkel and Aaron Krolik explique que la sociétéPalantir est chargée par Trump depuis mars 2025 de compiler et de centraliser les données sur les Américains et qui sont réparties dans différentes Agences.

« En mars, le président Trump a signé un décret ordonnant au gouvernement fédéral de partager les données entre les agences, soulevant des inquiétudes sur la possibilité qu’il compile une liste maîtresse d’informations personnelles sur les Américains, lui conférant un pouvoir de surveillance inédit. »

La société travaille depuis longtemps pour l’État : « Palantir, fondée en 2003 par Alex Karp et Peter Thiel, est spécialisée dans l’analyse de données complexes. » Alex Karp défend l’idée d’une alliance entre les nouvelles technologies et l’État dans un but de défense face aux menaces extérieures. La société Palantir aurait des contrats avec le gouvernement depuis 14 ans.

Le choix de Palantir relève d’un effet de réseau à géométrie variable : « Le choix de Palantir comme prestataire principal a été influencé par le Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par Elon Musk, selon des responsables. Au moins trois membres de ce département sont d’anciens employés de Palantir, et deux autres viennent de sociétés financées par Peter Thiel, cofondateur de Palantir. »

Alex Karp avait soutenu les démocrates à l’époque de Biden, mais après la victoire de Trump et l’augmentation de 140 % de la valeur de ses actions, il a déclaré qu’Elon Musk était la personne la plus compétente pour réformer l’État américain grâce à Trump.

Palantir possède deux produits stratégiques Gotham, un outil d’aide à la décision sur la base de l’IA, et Foundry qui permet d’agréger des données diverses et nombreuses. Ils « sont utilisés à la fois dans les secteurs civils et militaires. Pendant la pandémie, l’administration Biden avait fait appel à Palantir pour gérer la distribution des vaccins via les CDC [Centre de Contrôle des Maladies]. »

L’outil serait utilisé notamment dans quatre agences fédérales, dont le département de la Santé et des Services sociaux (HHS) et le Département de la Sécurité intérieure (D.H.S.) qui lutte contre le terrorisme. Il y aurait actuellement des négociations avec l’administration chargée de la Sécurité sociale qui paie les retraites publiques, les prestations d’invalidité et qui surtout attribue le Social Security Number (SSN) qui conditionne l’accès au travail ou au compte bancaire. En avril 2025, à l’I.R.S., le service des impôts des États-Unis, des ingénieurs de Palantir auraient commencé à utiliser Foundry pour centraliser les données recueillies sur les contribuables américains afin de créer une base de données unique. Une négociation serait en cours pour rendre permanente cette collaboration.

Foundry permet donc de fusionner des données qui touchent à la vie privée. C’est pourquoi les opposants à l’usage de Foundry craignent que l’administration Trump l’utilise vis-à-vis de ceux qui émettent des critiques contre son administration ou pour réprimer l’immigration. Une négociation serait en cours pour créer une plate-forme qui permettrait de suivre les mouvements migratoires en temps réel.

Ils craignent aussi le piratage d’une partie des données : « L’adoption généralisée de Foundry ouvre la voie à une fusion facile des informations provenant de différentes agences. La création de portraits détaillés des citoyens américains à partir des données gouvernementales n’est plus un simple rêve illusoire. L’administration Trump a déjà cherché à accéder à des centaines de données sur les citoyens et d’autres personnes via les bases de données de l’État, y compris leurs numéros de compte bancaire, le montant de leur dette étudiante, leurs demandes de remboursement de soins médicaux, ainsi que tout statut lié à un handicap. »

Cette politique publique de centralisation des données privées se rapproche autant de celle de la Guépéou soviétique que celle du régime chinois de contrôle numérique total. Ce n’est pas réjouissant, mais c’est un mouvement mondial qui a démarré avec l’émergence de la numérisation de la circulation des informations dans les années 1990.

(vidéo de 2024, par Dominique Desjeux, sur la vie quotidienne, la sécurité et le contrôle : https://lnkd.in/edZnrM8M)

Cf une analyse de 2015 pour Atlantico avant qu’il ne vire bord politiquement : https://consommations-et-societes.fr/2015-02-d-desjeux-sur-les-big-data-le-controle-social-et-la-sorcellerie-atlantico/

Rappel sur la méthode :

1 – Se focaliser sur les pratiques, les objets, les espaces, la logistique, les réseaux sociaux « prénumériques » et les jeux d’acteur avant de centrer sur les déclarations et les valeurs qui relève souvent plus de la justification de l’action que de la pratique.

Cet écart entre valeurs et action s’explique par les contraintes matérielles, sociales et symboliques du jeu social. Elles font évoluer en permanence la situation dans laquelle jouent les acteurs sociaux.

2 – Rechercher dans les sources du passé les constantes qui sous-tendent la diversité des comportements humains à travers le monde, pour faire apparaitre ce qui est vraiment nouveau et imprévisible aujourd’hui.

Une partie des traductions des citations sont faites par ChatGPT

Facebook
LinkedIn
Twitter
Email