1999, D. Desjeux, Une observation du quotidien sur les pratiques de course et de cuisine de deux jeunes danois.

Internationale

1999, D. Desjeux, Une observation  du quotidien sur les pratiques de course et de cuisine de deux jeunes danois.

 

Itineraire n°1, le 13 03 1999. Deux étudiants, fiancés, originaires du Jutland, 22, 25 ans en cours de MBA en comptabilité, pour lui, et en marketing, pour elle. Entretien en anglais

 

Le quartier est fait de maisons individuelles, plutôt “dispersées” si je compare avec le centre ville et les habitats collectifs à coté. Cela fait campagne. A chaque maison correspond un jardin. En marchand du centre vers ce quartier, je passe devant une station d’essence où on vend du bois, du gas et de la tourbe ecologique pour faire du feu. Devant la station il y a, à vendre, des remorques à voiture pour transporter du bois ou les mauvaises herbes du jardin, comme cela me sera expliqué plus tard. Dans la station on peut acheter des cigarettes. C’est là où vient l’étudiante d’habitude.

Je passe devant une serie de poubelles pour recycler le verre, les papiers, etc. Ensuite il y a un terrain de foot. Sur le chemin qui longe une rivière des hommes sont entrain d’élaguer de arbres. Il fait frois et beau. Un cimetière à droite est réservé aux musulmans, comme je l’apprendrais plus tard. Au bout de la rue il y a l’église protestante, le presbytère et le cimetière pour les protestants. Les tombes sont considérées comme typiquement danoises par les étudiants avec leur petites fleurs qui décorent la tombe qui est en terre (sans tombeau en pierre). Le nom du mort est inscrit sur une pierre. Sur l’une il y a deux noms. L’étudiante m’explique que c’est probablement parce que l’homme est mort avant, puis la femme, qu’on a refait un trou, et que les deux sont donc sur la pierre.

La rue qui mène à la maison est bordée de maisons individuelles avec des jardins. Sur la porte d’un jardin il y a une pancarte “atention chien méchant”. Au milieu du jardin il y a un petit bassin avec des nains et un mankenpiss en ciment.

A l’entrée du jardin, il y a trois boites aux lettres blanches. Le jardin est tout en longueur. Il y a trois maisons en bois, un peu “cheap”, comme des maisons de vacances pour allemands dans le Jutland, si j’ai bien compris l’explication.

C’est une maison louée. L’étudiant devait louer une maison pour la rentrée scolaire. Il est venu avec son père qui est menuisier (sa mère est secrétaire) et quand ils ont rencontré le propriétaire celui-ci leur a dit qu’il avait beaucoup de demandes et qu’il fallait choisir vite. Ils ont dit oui. Mais la maison est chère: 4000 Kr par mois pour deux pièces, un parquet à même le sol ce qui fait que c’est froid et qu’il faut mettre des chaussons. Cela dit l’habitude est d’enlever ses chaussures pour soi, et c’est plus poli quand on est invité.

Ils ont une aide de l’Etat, mais aucune de leur parent. Ils ont une bourse de 3000 Kr par mois, par étudiant, et une aide pour le loyer par la municipalité d’Odense. Mais la municipalité a trouvé que le propriétaire faisait un loyer trop élevé. Il a du le baisser à 2700 Kr, avec effet rétroactif. Donc pour le moment ils ne payent pas de loyer car ils on trop payé. Leurs parents ne les aident pas car ils estiment qu’ils ont donné assez d’argent à l’Etat en impôt et que c’est à l’Etat de les aider. Ce n’est pas honteux de demander de l’argent à l’Etat. Il faut toujours essayer de demander à l’Etat quand c’est possible. La TVA est de 25% sur tous les produits. Elle est de 190% pour une voiture.

Il m’explique qu’il est diabéthique et qu’il doit manger entre les repas des “snacks” (il mange des “smore brod” de pain noir et avec dessus des tranches de viande fine). Il a deux seringues l’une pour une insuline à action rapide, pour le jour, et l’autre pour la nuit à action lente. Il a un appareil pour mesurer son taux d’insuline (je n’ai pas pensé ou osé photographier, cela me paraît trop intime, même s’il m’en a parlé spontanément et longuement).

Pour midi elle a cherché à faire un plat typiquement danois. Elle a demandé à sa mère qui lui a suggéré de faire un “Hamburgerryg”, un carré de porc (nous avons vérifier dans le dictionnaire danois français qu’ils possèdent car il a fait un trimestre de français): c’est salé, bouilli et fumé au feu de bois.

Dans le living salle à manger, il y a une perruche qui chante dans sa cage, mais elle est souvent laissée en liberté dans la pièce, c’est pourquoi il y a une couverture qui sert de porte pour qu’elle puisse voler tranquillement sans s’enfuir. Pour eux cet oiseau est très important. C’est important qu’il soit heureux. Trois verres et un flacon décorés ont été mis dans la cuisine sur une étagère, en décoration, alors qu’avant ils étaient dans le living, pour qu’ils ne soient pas cassés par l’oiseau quand il vole dans la pièce.

Ils m’expliquent qu’ils dépensent plus d’argent qu’un étudiant moyen en nourriture à cause de son diabète ce qui demande plus de nourriture de bonne qualité nutitive (healthy food): “je dois aussi manger plus de nourriture chaude et pas uniquement des sandwichs” ce qui est moins économique [ceci montre que les étudiants se nourissent avec des sandwichs]. Ils me parlerons plusieurs fois de problèmes d’argent. Actuellement ils empreintent avec un taux très avantageux aidé par l’Etat.

La maison d’à coté est habité par une danoise qui apprend le français et qui vit avec un français. C’est aussi une petite maison en bois.

Elle a préparé une liste de courses.

Nous partons à pied vers le magasin OBS, à un quart d’heure de la maison. Elle regarde avant les horaires de bus, mais nous décidons que cela ira plus vite d’aller à pieds. Elle prend un sac à dos et m’explique qu’ils vont toujours faire leur courses ensemble et habituellement à un magasin hard discount qui est plus prêt. Elle m’explique que le voisinage n’est pas très bien. Je demande pourquoi. Elle m’explique, en me montrant une maison en bois qui a été rajouté à la maison principale que ce n’est pas beau, cela fait désordre.

OBS est une grande surface, pas très loin de la fac, [une des plus grande du Danemark d’après un journal que j’ai lu]. A l’intérieur il y a une galerie marchande, avec des boutiques de fleurs, de vetement, de viande ou de pain. La grande surface vend de la nourriture avec notamment des très grands rayons de “P°alaeg”, les tranches fines de viande ou charcuterie que l’on met sur le pain noir, de salades composées en sauce en boite, de “saucisson”, de légumes mélangés surgelés (mélange en fonction des noms à base de petit pois, de carotte, de maïs, de choux fleur, de brocoli, de poivron, de céleri, etc. Un légume donne le nom de la composition: la salade américaine comprend du mais. Il y a 8 sortes).

Le plat va comprendre un “rôti” de porc sous cellophane, des légumes variés surgelés, une sauce béarnaise en poudre Knorr et des pommes de terre bouillies achetées en sachet. L’ensemble des produits industriels permet de composer ce plat “traditionnel” danois. En choisissant la viande elle me dit que c’est compliqué de choisir car il n’est pas facile de s’y reconnaître dans la qualité. Tout se ressemble. J’achète une bouteille de bon Bordeaux comme cadeaux. Ils font les courses avec un panier, sans le caddy. A la sortie, c’est le garçon qui portera le sac à dos plein.

Je découvre un nouveau produit: des jaunes d’œuf dans des petits contenants en plastique garanti sans salmonellose, d’autres contiennent des blancs d’œufs. Je note qu’il y a beaucoup de produits écologiques dans les rayons alimentaires. Par exemple les œufs les moins chers sont ceux des poules élevées en cage, puis ceux qui sont un peu plus chers viennent de poules hors cage, puis encore plus chers ceux qui viennent de poules élevées dehors, et enfin les plus chers sont écologique parce que les poules ne mangent que des produits naturelles. Il y a aussi du pain écologique. Beaucoup de légumes et de fruit sont sous cellophane. La rémoulade est une sauce populaire.

Nous revenons à pieds. Au retour nous nous arrêtons dans la station service Shell pour acheter des cigarettes. Je prends une photo de l’affiche d’un restaurant de Saigon et d’une pizzeria. Cela est un des nombreux indices de présences de l’alimentation étrangère dans la culture culinaire chinoise [restaurants chinois, Bali, pizzeria, français ; bières d’Irlande, de France (Alsace), anglaise, américaine (Budweiser), mexicaine (Corona) ; vin de France mais aussi d’Australie, du Chili, dans des magasins plus de luxe, etc.]. Le soleil brille mais le vent est très froid, autour de 2 à 3 degrés.

En rentrant la préparation du repas commence. C’est l’étudiante qui fait la cuisine. Le garçon peut se débrouiller mais sans plus. Il me raconte que son père sait juste faire des œufs sur le plat.

Elle met de l’eau dans un grand faitout dans lequel elle plonge le rôti. Qui va cuir une heure. Il y a une contradiction entre le temps indiqué sur l’étiquette, une demie heure par kg ou livre et celui indiqué par sa mère qui est plus court. Elle fera de fait une moyenne. Pendant les entretiens le garçon parle plus qu’elle. Elle a des gestes très efficaces. Après chaque préparation tout est nettoyé et rangé. Ensuite elle fait bouillir les légumes surgelés puis les pommes de terre. Elle prépare aussi la béarnaise. 4 casseroles seront salies.

La viande est découpée par le garçon, avec le grand couteau et la grande fourchette sur la planche en bois.

Pour le déjeuner il y a des serviettes en papier qui viennent du “porte sopalin” que j’ai vu dans la plupart des maisons et magasins que j’ai visité [comme sur les photos des étudiants]. Le couteau est à droite la fourchette à gauche. Il y a une salière et un poivrier en bois. Je ne crois pas qu’il y a de pain à table [à vérifier]. Nous avons juste manger un plat: pas d’entrée pas de dessert. A la fin du repas il faut dire : “Tak for mad” (merci pour le repas), la réponse est “vel bekame” (your welcome): “It’s like a ritual to indicate the end of the meal”.

Hygge: “bonne ambiance”, dans le dictionnaire danois-français (“friendly atmosphere”, “intimate”).

Un café est fait par le garçon. Il m’est offert dans des belles tasses de Thaïlande. Elle m’explique que ces tasses font partie d’un ensemble: ce sont des cadeaux faits par sa grand mère (quand elle a eu 18 ans je crois). La grand mère demande qu’est-ce que tu souhaites comme sorte de cadeau et tous les ans elle offre la suite du service. Il y a un placard avec tout un ensemble d’assiettes, de bols, de saladier, etc., offert par la grand mère maternelle. Elle me dit qu’à la fin c’est ennuyeux d’avoir toujours les mêmes cadeaux. Il me dit que ses cousines ont aussi les mêmes cadeaux de leur grand mère. Elle les utilise une ou deux fois par an.

C’est elle qui fait la cuisine à la fin.

Fin de l’observation

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