1979, Dominique Desjeux, La question agraire à Madagascar, l’Harmattan

 

 

 

 

 

 

Postface

par Germain RAKOTONIRAINY

LA QUESTION AGRAIRE A MADAGASCAR

Administration et paysannat de 1895 à nos jours (Dominique DESJEUX)

Pendant la période coloniale mais surtout pendant la décennie néo-coloniale, le problème des opérations de développement s’est trouvé au cœur de la définition de la politique agraire. D. Desjeux a choisi d’étudier en détail la contrainte bureaucratique dont ces opérations se sont faites les vecteurs mais surtout leur rôle par rapport à la reproduction du sous-développement comme de l’intégration au marché mondial de l’économie malgache par le développement sur place des rapports marchands.

L’auteur, selon son propre aveu, a limité son sujet d’étude à la bureaucratie et à sa responsabilité historique dans le processus de reproduction du sous-développement dont Madagascar paie encore les conséquences. C’est-à-dire qu’il a volontairement écarté l’analyse parallèle des phénomènes de destructuration de l’économie lignagère et des rapports sociaux traditionnels. D’autres auteurs tels Charmes ont tenté, mais sur des monographies précises, d’étudier et de décrire comment ces opérations se sont trouvées prises dans la dynamique des luttes sociales internes à la société lignagère, comment loin de détenir le contrôle réel de leurs effets, ni le monopole de l’action, elles se sont le plus souvent retrouvées « ballotées comme fétu de paille » dans le jeu des antagonismes sociaux lignagers, manipulées alors qu’elles se voulaient manipulantes.

Une analyse globale de cet aspect du problème reste à faire. Il n’en demeure pas moins que la contribution de D. Desjeux est importante et estimable puisqu’elle démonte, avec une maîtrise parfaite de l’analyse, les mécanismes de l’introduction généralisée du mode de production capitaliste dans la formation sociale malgache grâce au support logistique fourni par la bourgeoisie bureaucratique et la bourgeoisie compradore de l’appareil d’état.

La première rationalité des opérations de développement consiste dans la rationalité des bailleurs de fond. D. Desjeux montre à ce sujet parfaitement comment la bureaucratie, pour épauler au mieux les intérêts du capitalisme du «centre» dont elle avait à attendre les faveurs, a dû adapter au fil des conjonctures économico-politiques le type de contrainte, «coercitive persuasive », «participationniste» à exercer sur les masses rurales.

En fonction des différentes luttes sociales et politiques, la bourgeoisie bureaucratique a dû passer d’une coercition physique à une contrainte beaucoup plus sophistiquée pour amorcer le développement de l’économie de marché.

L’opposition, analysée par D. Desjeux, entre le technique et le politique, entre fonctionnaire d’autorité et techniciens, traduit des contradictions internes de la bourgeoisie locale par rapport aux modes d’intervention sur la formation sociale rurale et renvoie à la mystique d’une technique neutre au service d’un développement conçu en terme moral de Progrès.

Avec la période néo-coloniale, le rôle de la bourgeoisie bureaucratique évolue et il s’agit alors pour elle de masquer, de pallier aux contradictions trop évidentes, sources de conflits sociaux potentiels, entraînées par le pillage systématique de la période antérieure.

Les opérations de développement vont donc puiser leur légitimité dans le mythe d’un développement de l’ensemble du paysannat, c’est-à-dire d’une intervention sur les productions vivrières de l’économie lignagère.

L’aide publique octroyée par les pays occidentaux, dont c’est la seule manière, habile, d’assurer la recolonisation économico-politique des anciennes colonies va délimiter un nouveau cadre d’alliances et d’action pour la bourgeoisie compradore.

La politique agraire devient la chasse gardée des sociétés d’intervention étrangères qui s’implantent pour contrôler l’utilisation et l’orientation des projets, rendus possibles par l’aide extérieure.

D.Desjeux, en disséquant le cas du G.O.P.R. qu’il connaît parfaitement, met à jour à la fois les mécanismes de décision à l’origine de la création des opérations, mécanismes fondés sur les réseaux de pression internationaux et l’alliance au plus haut niveau des tenants de l’appareil d’état malgache et de «  négociants d’aide supposée désintéressée », en même temps qu’il dévoile les modes de fonctionnement spécifiques de ces cadres d ‘intervention.

Le despotisme bureaucratique sécrété par l’organisation interne de l’opération ; centralisme excessif – directives verticales – séparation totale des tâches de conception et des tâches d’exécution – remontée de l’information quantitative seule, etc., n’est que le reflet fidèle et l’émanation du mode ainsi que des rapports de production propres au capitalisme que les pays du « centre » entendent implanter à la périphérie » au moyen des sociétés d’intervention sous-traitantes. La rationalité interne du G.O.P.R. correspond à celle qu’il tente de reproduire auprès des paysans.

Le texte de D. Desjeux apporte une contribution historique et constitue un bilan utile à la compréhension du jeu social dont les différents rapports de forces déterminent les formes d’intervention de la contrainte bureaucratique et les alliances d’intérêts.

L’éclairage qui nous est fourni sur la période coloniale puis néo-coloniale permet de comprendre la genèse de la constitution en classe dominante de la bourgeoisie bureaucratique et d’élucider son rôle actuel.

Il fallait esquisser une démystification du concept de développement, alibi-légitimant du capitalisme international et de ses exécutants que sont les sociétés d’intervention alliées aux bourgeoisies compradores et c’est le mérite de D. Desjeux de l’avoir fait.

Toutefois, les transformations irréversibles dont Madagascar a été le théâtre depuis 1975 permettent de poser dans des termes tout à fait nouveaux le problème du rôle des bourgeoisies bureaucratiques et technocratiques de l’appareil d’état.

En effet, si certaines de ces opérations de développement poursuivent encore à l’heure actuelle leurs activités (Somalac-Samangoky-Odemo), elles sont entrées dans une phase de dépérissement certain et leur existence même est aujourd’hui contestée; leur devenir fait l’objet de réflexion et de négociations diverses au sein de l’appareil étatique. En effet, de par les choix politiques historiques qui se sont opérés au travers du référendum du 21 décembre 1975, la poursuite des modèles de développement sous-jacents à ces opérations paraît impossible et anachronique.

La mission inavouée de ces organismes quant à 1 ‘intégration de Madagascar au marché mondial au travers du schéma de l’échange inégal ne peut plus être remplie avec les options socialistes actuelles.

On assiste donc à un déplacement du théâtre d’affrontement entre les intérêts de la bourgeoisie administrative et technocratique et ceux des forces populaires paysannes.

La lutte pour le maintien des opérations nées pendant l’ère néo-coloniale constitue un combat d’arrière-garde d’une certaine frange de la bourgeoisie technocratique accrochée désespérément à ses privilèges.

C’est désormais autour de la coopérativisation de 1′ agriculture que va se jouer le contrôle réel du développement. Les opérations de développement, conservées dans leurs structures antérieures, idéologiquement moribondes et condamnées subsistent, développant une opposition intrinsèque face à la lutte de libération entamée par les paysans pauvres et les paysans sans terre, mais leur poids politique devient négligeable une fois taries les principales sources de financement extérieures qui permettaient leur toute-puissance et face à la volonté politique de rupture de l’appareil d’état.

Un jour plus ou moins rapproché, ces opérations et leurs cadres devront se résoudre à la perte de leurs derniers pouvoirs et accepter le rôle d’organisme d’appui technique au service des collectivités décentralisées qui paraît leur être dévolu dans le meilleur des cas.

Si les luttes antibureaucratiques sont toujours à l’ordre du jour, elles ne se posent plus dans les mêmes termes que pendant la décennie 60-70.

L’explosion populaire de mai 1972 a congédié l’assistance technique étrangère pléthorique qui contrôlait et orientait l’utilisation d’une aide extérieure entièrement monopolisée par l’ex-métropole.

Les différentes mesures politiques et économiques qui l’ont suivie (sortie de la zone Franc -nouveaux accords de coopération, etc.), ont marqué la cassure unilatérale opérée par le pouvoir étatique envers les liens de dépendance qui soumettaient l’économie malgache aux impératifs et besoins du capitalisme occidental.

Avec le choix du socialisme, avec l’ouverture vers les pays de l’Est et la diversification des aides extérieures, le contrôle de la politique agraire par les techniciens étrangers et leurs alliés locaux au travers des structures d ‘ intervention que sont les opérations de développement est rendu caduque; la généralisation du mode de production capitaliste est bloquée.

A la fin de l’année 1978, le phénomène de la coercition bureaucratique pour la généralisation des rapports marchands est dépassé. Mais l’héritage laissé par la politique agraire coloniale et néo-coloniale reste bien présent et constitue même le principal facteur limitant du développement économique. Le problème de 1′ autosuffisance alimentaire compte parmi les premières préoccupations du pouvoir politique.

L’action des opérations de développement, en particulier l’intervention du G.O.P.R. sur la production rizicole, fut guidée essentiellement par le souci de la bureaucratie néocoloniale d’assurer la reproduction capitaliste en encadrant, en contrôlant la production des cultures vivrières destinées à reconstituer la force de travail de la main-d’oeuvre des plantations et celle de la masse des petits salariés urbains employés dans le secteur tertiaire de l’administration. De plus, la généralisation de l’économie de marché, condition sine qua non de la reproduction élargie des capitalismes du «centre », supposait la monétarisation des sociétés lignagères grâce au dégagement d’un surplus de production commercialisable.

L’implantation généralisée du mode de production capitaliste, la poursuite du système des plantations orientées exclusivement vers les cultures d’exportation, la prolétarisation forcée de la main-d’oeuvre lignagère ont réussi à entraîner un important déficit vivrier.

L’abandon des cultures vivrières est en outre la conséquence d’une politique de blocage des prix des produits vivriers au profit d’une valorisation excessive des prix des produits d’exportation, politique tout à fait logique d’une administration coloniale qui se devait d’organiser la production et les échanges non en fonction des besoins du marché intérieur mais selon l’intérêt du capitalisme métropolitain.

Cette politique permit d’amorcer le transfert de la force de travail paysanne vers les cultures d’exportation plus rentables. Ainsi, le paysan prit l’habitude de poursuivre, en ce qui concerne la pratique rizicole, uniquement son autosuffisance ; une fois atteinte celle-ci, il se tourne pour assurer ses besoins monétaires vers la pratique des cultures d ‘ exportation plus rémunératrices. De cette réponse du paysan à une politique de désarticulation de la production agricole découle la production du cercle vicieux du déficit vivrier.

Le G.O.P.R. fut en partie créé pour résoudre cette crise vivrière, il n’y parvint pas, pris qu’il était dans la contradiction d’avoir à promouvoir une riziculture améliorée, productive parmi la paysannerie parcellaire, parallèlement au maintien du système des concessions coloniales, à la logique de l’implantation capitaliste et à une politique conservée d’inégalité entre les prix des produits vivriers et d’exportation.

Tout le schéma d’intervention technico-économique s inscrit dans le cadre d’une situation de dépendance et d’extraversion de l’économie malgache en direction du capitalisme européen. Si en soi ce schéma devait inéluctablement accroître la productivité rizicole, il n’est pas moins évident qu’il ne pouvait dans le contexte néo-colonial que parachever un processus de développement du sous-développement entamé plusieurs décénies auparavant.

Les transformations politico-économiques enregistrées depuis 72 condamnent cette forme d’intervention l’engrais importé coûte trop cher, la subvention pour l’engrais assurée jusque-là par le M.D.R. revenait à utiliser les fonds publics dans l’opération de transfert des bénéfices vers le capitalisme privé. Enfin, par la rupture politique de 72, le ministère perdit l’appui logistique des bureaux d’étude étrangers, maître d’oeuvre de l’opération.

Cependant l’héritage du déficit vivrier a fait boule de neige et l’on importe actuellement plusieurs dizaines de milliers de tonnes de riz par an. Ces importations provoquent une hémorragie de devises dont la finalité pourrait être le financement du décollage économique.

L’appareil administratif, le personnel du G.O.P.R. demeure et le problème qu’il devait résoudre reste entier.

Il est donc nécessaire de redéfinir une nouvelle optique d’intervention sur la production rizicole dans le cadre de la mise en place d’une économie nationale indépendante. Au cours de l’année 78, le pouvoir étatique a reconnu officiellement la faiblesse du prix d’achat du paddy au producteur comme facteur d’accentuation du déficit vivrier, mais quelle solution apporter en remède à l’héritage d’une telle situation ?

Officialiser la hausse du prix du paddy satisferait les paysans, mais entraînerait soit l’augmentation corollaire du prix de vente du riz aux consommateurs, soit la mise en place d’une subvention de l’état qui ne ferait que déplacer le problème en grevant lourdement le budget.

Dans la première hypothèse le pouvoir étatique aurait à surmonter le mécontentement de la petite bourgeoisie urbaine formée de salariés, qui entend conserver son pouvoir d’achat par le blocage du prix du riz.

Qu’elles que soient les décisions qui pourront être prises, il apparaît inévitable que soient reconsidérés les termes du rapport entre prix des produits vivriers et prix des produits d’exportation. Toutefois, cette mesure ne peut suffire à elle seule à résoudre les problèmes immédiats.

L’acuité des problèmes qui se posent au nouveau pouvoir entraîne une hiérarchisation des objectifs prioritaires. Dans un premier temps, le développement de la production rizicole semble devoir passer par un vaste programme d’aménagement des quelques 100 000 ha de terres domaniales actuellement à la disposition de l’état. Les solutions pragmatiques centrées sur le court terme orientent les options étatiques vers le choix d’installation de fermes d’état pour la mise en valeur de ces terres domaniales. La pratique d’une agriculture intensive et mécanisée, si elle correspond à la logique de l’intervention technique du G.O.P.R., s’inscrit toutefois dans un nouveau contexte d’indépendance économico-politique.

Une usine d’engrais programmée doit pouvoir assurer une production de l’ordre de 90 000 tonnes par an.

Des tracteurs coréens-soviétiques et algériens doivent permettre l’intensification de la mécanisation. La république populaire de Chine doit quant à elle, fournir une usine de réparation de matériel agricole. Le développement de ces différents projets est appelé à concrétiser le projet politique d’indépendance économique.

La mise en place sur l’ensemble du territoire de ces fermes d’état correspond au souci immédiat de réduire progressivement les importations de riz.

Ces structures sont appelées à évoluer par la suite vers la forme coopérative.

Parallèlement à la mise en place de ces fermes d’état, un « saupoudrage » de coopératives de taille moyenne, composées de paysans sans terre, de paysans pauvres et de paysans moyens devrait soustraire aux propriétaires fonciers locaux leur main-d’oeuvre traditionnelle et donc destituer progressivement le pouvoir économique féodal à la base de l’extorsion de la rente foncière. Une politique d’attaque frontale étant impossible par suite de l’intériorisation des inégalités de caste par les principaux acteurs sociaux comme de l’incapacité pour le pouvoir politique de maîtriser la lutte violente qui en découlerait, la stratégie la plus adéquate est celle du contournement de l’obstacle. La création de coopérative sut tanety, la diversification et l’extension de leurs activités ne pourra manquer d’entraîner à moindre frais les mêmes résultats qu’un processus d’appropriation violente.

La coopérativisation de l’agriculture constitue le but ultime de l’actuelle politique agraire, toutefois, celle-ci ne peut passer outre aux problèmes immédiats.

Cette coopérativisation s’effectue dès maintenant dans un climat de lutte de classe particulièrement difficile. Une fois la présence coloniale évacuée, la contradiction principale qui opposait le colonat aux paysans pauvres et aux salariés, s’est trouvée déplacée, transférée sur le champ de la lutte interne entre notables féodaux, chefferies lignagères et paysans pauvres et sans terre.

La coopérativisation rencontre des obstacles divers qui font de ce processus une lente et difficile conquête. Pour parer au plus pressé, la solution intermédiaire des fermes d’état paraît être retenue comme phase transitoire dans la réalisation des conditions d’une économie nationale indépendante.

Une fois celle-ci acquise, la transformation sociale profonde de la société rurale peut être envisagée et la socialisation totale des moyens de production réalisée.

Une fois détruites les bases économiques du pouvoir des notables ruraux, se pose le problème de la remise en cause du pouvoir de la bourgeoisie technocratique.

Le processus de coopérativisation, en tant que transformation du mode comme des rapports de production affronte, en effet, non seulement l’opposition de la bourgeoisie rurale, mais également celle de la caste technocratique qui entend préserver les privilèges acquis antérieurement en gérant, contrôlant la phase d’élaboration du socialisme lorsqu’elle ne peut espérer en retarder l’avènement.

La lutte antibureaucratique des masses paysannes doit donc réussir à tenir en échec l’alliance de la partie conservatrice de la bourgeoisie de l’appareil étatique avec la bourgeoisie rurale.

De la capacité des ouvriers, des paysans pauvres à maîtriser la lutte de classes à leur avantage dépendront en dernière analyse les limites des transformations sociales entreprises. Et c’est justement parce qu’il ne peut être question d’utiliser encore une fois la contrainte bureaucratique dans le processus de transformation sociale qu’est la coopérativisation que cette phase d’édification du socialisme risque d’être lente et conflictuelle.

Entre temps, il reste au pouvoir en place à gérer et à résoudre à court terme l’extraversion de l’économie malgache.

Le despotisme bureaucratique analysé par D. Desjeux est pratiquement révolu, car condamné. Une première étape a été franchie en octobre 1977 dans le processus de destitution politique de la bourgeoisie bureaucratique par le transfert des pouvoirs des fonctionnaires territoriaux aux représentants élus des collectivités décentralisées.

Les fonctionnaires d’autorité sont désormais assignés aux rôles de délégués, d’assistants des comités exécutifs des structures populaires en attendant la prise en main complète et exclusive du pouvoir économico-social par celles-ci.

Dans la phase actuelle de Révolution Nationale Démocratique, la conception manichéiste de l’histoire qui oppose comme irréductibles le pôle paysan au pôle bourgeoisie bureaucratique n’est plus opérationnelle.

Il s’agit de construire le pouvoir populaire au travers d’une gamme d’étapes de transition dont chacune doit pouvoir récupérer le maximum de potentialités existantes et gagner les franges hésitantes des classes traditionnellement hostiles.

Le problème du despotisme bureaucratique se pose donc dans des termes nouveaux puisque les fonctionnaires, désormais groupés en comités administratifs, travaillent sous les ordres hiérarchiques des comités exécutifs des collectivités décentralisées.

Le schéma de dépendance qui fut traditionnellement celui dans lequel les bourgeoisies bureaucratique et technocratique maintenaient la masse paysanne est aujourd’hui brisé par la subordination économico-politique des premières à la seconde.

La volonté politique de bouleverser les modes et rapports de production antérieurs existe bel et bien et se traduit concrètement par la mise en place de coopératives, d’entreprises socialistes, de fermes d’état.

L’avenir et la réussite de celles-ci sont liés d’une part à l’aboutissement positif de la neutralisation de la partie réactionnaire de la bourgeoisie technocratique alliée à la petite bourgeoisie rurale, d’autre part à la transformation, en amont et en aval de la production, des différentes structures qui concernent la masse paysanne ministère – enseignement agricole – entreprises de matériels agricoles, etc.

Les transformations profondes entreprises ne peuvent aboutir que si se conjuguent les efforts de la base paysanne pour construire son pouvoir au travers de la lutte de classes et les actions d’organisation du pouvoir étatique. Ces dernières sont en particulier destinées à révoquer les anciennes structures d’intervention autoritaires sur la production paysanne et à supprimer la formation de techniciens despotes le plus souvent inconscients de leur pratique dominatrice.

En dernière analyse, il apparaît que la capacité de changement de l’appareil étatique et sa volonté de saborder son rôle d’état souverain dépendent justement en grande partie, et dans un mouvement dialectique, du succès du front ouvrier-paysans pauvres, paysans moyens à imposer sur le terrain un rapport de forces qui lui soit définitivement favorable.

Germain RAKOTONIRAINY

Chef de Département des Sciences Agro-Economico-Sociales de l’Établissement d’Enseignement Supérieur des Sciences Agronomiques, Université de Madagascar (Antananarivo).

 

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